10 Décembre 2010
De toutes les formules de politesses du monde, « bonjour, est-ce que ça va ? » est certainement la plus hypocrite. Et nous avons tous, un jour, eu droit ou, pire, à l’utiliser. Pas bien. Explications.
La 1ère fois que j’ai eu affaire à cette question qui n’en est pas vraiment une, j’ai sincèrement cru que mon interlocuteur s’intéressait à moi. J’étais jeune alors. Et naïf comme pouvais l’être un ado. Pour preuve, j’ignorais totalement l’existence du playback, du wonderbra, que le sang des filles étaient aussi rouge que celui des hommes et non bleu (dans les pub pour les tampons, ils utilisaient de l’encre alors bon). Bref.
Je m’apprêtais alors à répondre à ce qui me semblait être un sympathique interlocuteur quand ce dernier était déjà tourné vers d’autres personnes en leur demandant également si ça allait. « Mais il n’aura jamais le temps d’écouter les jérémiades la vie de tout le monde ! » m’écriais-je en mon for intérieur.
Désabusé, je compris alors que « ca va ? » était une simple formule de politesse dont l’émetteur n’attendait aucune réponse.
Oui, il y a des questions dont la réponse n’intéresse absolument pas celui qui l'a posé. Et, c’est terrible, il en existe d’autres:
- T’as pris ton pied ma chérie ?
- Tu es certain que je ne dérange pas ?
- Tes parents sont au courant ?
- Tu as quel âge Zahia ?
- Est-ce que ça te dérange de jouer seul à l’attaque Anelka ?
À vrai dire quand on vous demande si ça va, la seule personne que ça va sincèrement intéresser est encore votre médecin. Encore qu’il faille reconnaître que c’est pas toujours bon qu’il vous pose la question (surtout quand il lit vos résultats d’urines alors que vous étiez la semaine dernière en train d’essayer la dernière beu marocaine).
Car il existe à l’inverse, et heureusement, des questions dont les réponses sont vitales pour votre interlocuteur:
- Vous avez vos papiers ?
- Est-ce que tu vas me tuer Tony ?
- Gaardes, gaardes, les autres prisonniers sont en train de me violer, qu’est ce que vous attendez pour intervenir ?
- Chéri, il faisait quoi le barbu avec son cutter qui est entré dans la cabine de pilotage ?
Alors du coup quand on me pose la question si ça va, je réfléchis pas, je réponds la vérité. Ça pourrait l’intéresser, on ne sait jamais et, au pire, ça lui donnera une bonne leçon.
- Bonjour MA, ça va ?
- Non non. Mon chien est malade depuis deux jours et je sais pas ce qu’il a. Moi même je me sens un peu patraque. Le soir j’ai des remontées gastriques. Je crois que ça doit être le stress et PUTAIN tu m’écoutes quand je te parles ? J''ai pas dit que tu pouvais déjà partir ! Tu m’as demandé comment ça allait alors je te réponds. Bon, j’en étais où moi ?! Ah oui le stress. Donc le stress...
Sinon, il y a une petite astuce pour éviter ce genre de situations. Comme il faut faire preuve de politesse et qu’en même temps, faut l’avouer un peu, on s’en fout un peu de savoir si ça va ou pas pour l'autre, le mieux est encore de verrouiller la question...en ne la posant pas. C’est diabolique. Démonstration:
- Allô Patrice, c’est MA. Ouais, et ben j’espère que ça va !
- Non pas trop car...
- Nooon. J’espère que ça va !
- Ouais ben ça va
- Ah ben c’est cool alors.
Je dédicace cet article à Florence qui m'a rappelé, malgré elle, que je me devais d'écrire cet aticle.
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